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Publié le 14 Décembre 2010
Dakar

Navigation depuis Dakhla
Plus de 530 milles nous séparaient entre Dakhla et Dakar. Nous avons mis 6 jours et 7 nuits pour les parcourir ce qui fait une vitesse moyenne de 88 milles par jour... soit la vitesse de quelqu'un qui marche vite ou qui court lentement. C'est notre plus longue navigation depuis le départ.
Tout ceci s'explique d'une part par le manque de vent que nous avons eu pendant près de 48h et d'autre part par notre volonté de ne pas mettre le moteur comme nous l'avons expliqué dans notre article sur Safi. À part les oiseaux, tous posés sur l'eau qui nous doublaient à la nage, le calme plat a son charme et on peut vaquer à ses occupations sans être malade ou sans devoir caler le moindre objet sous peine de voltige incontrôlée.


Oiseaux au repos, comme nous...

Du coup, on a pu se laver, se couper les cheveux (du moins pour Gaëtan et je suis fière de moi), coudre les moustiquaires, travailler sur l'ordinateur, faire de la cuisine... Le soir, à l'heure du film de la 2, rendez-vous sur le pont pour assister à un spectacle « lumière » ! Les eaux du large de la Mauritanie grouillent de vie et les dauphins s'en donnent à coeur joie. Le plancton est ultra-lumineux à tel point que la moindre goutte d'eau qui bouge scintille. Les mouvements des dauphins sont suivis de traînées lumineuses et parfois on a l'impression que quelqu'un allume des lampes sous l'eau. Magique !
Et puis le vent est revenu... la houle avec... Et là, ce fut tout de suite moins tranquille. Le bateau roulait énormément à tel point que nous avions mal aux muscles et aux tendons des chevilles et des genoux.

Le roulis... pendant 3 jours !

Pour le coup, tout doit être calé et chaque geste de la vie quotidienne est un miracle : cuisiner sans que le paquet de pâtes aille exploser dans un coin tandis qu'on remplit la casserole, s'habiller sans que le pied reste coincé dans la jambe du short juste au moment où un coup de roulis est plus fort que les autres, boire en corrigeant les mouvements du bateau sans tout renverser, écrire 2/3 trucs sur l'ordi sans être malade au bout de 5min... Dans ces conditions on s'économise : on dort, on lit, on dort, on regarde la mer, on lit, on va se coucher. C'est crevant et l'arrivée à Dakar était attendue avec impatience !!
Nous avons aperçu aussi les premiers poissons volants. Aucun n'a encore atterri sur le pont mais ils sont nombreux à voler à la surface de l'eau.
Pendant la dernière journée, une perruche est venue se reposer sur le bateau. « Cacadou » (c'est comme ça que nous l'avons appelée) aimait bien se poser sur les endroits les moins pratiques du bateau : écoute du génois, bout de la bôme...

Cacadou se repose. C'est une perruche à collier d'Afrique de l'ouest, une femelle (on s'est renseignés après !)Cacadou est un peu fainéant, il faut lui donner la becquée.
Cacadou prend ses aises, il mange tout seul et se balade sur le pont.Après deux empannages effectués sur l'écoute de la trinquette, Cacadou décide qu'à l'arrière sur le pataras c'est plus calme... mais il y a les embruns.

Nous avons essayé de l'amadouer avec des bouts de pomme qu'elle n'a pas refusés. À 2h du matin quand nous avons mouillé l'ancre devant la plage de Hann à Dakar, elle était toujours là. Après les 2 bonnes heures de louvoyage entre les cargos au mouillage dans 20 noeuds de vent, la belle perruche au poil soyeux s'est transformée en boule de poils hirsute.

Au matin, je suis réveillée par les petits cris de Cacadou qui a passé la nuit au mouillage avec nous. Il faut dire qu'on a bien fait les choses et qu'avant d'aller se coucher alors qu'on était fatigués, on lui a laissé des morceaux de pomme et un petit fond d'eau douce. Malgré tout, Cacadou a fini par s'envoler et n'est pas revenue. C'est mieux comme ça, on commençait à devenir gagas !


Mouillage devant Hann Plage

Ceci étant, de nuit nous n'avons pas réussi à trouver le mouillage du CVD (Cercle de la Voile de Dakar). Dans la matinée, après une bonne nuit mouillés devant la plage des pêcheurs, nous déplaçons le bateau pour aller au CVD. Il y a plein d'autres bateaux et on a entendu du bien de ce club spécialement fait pour les voyageurs. On y trouve de quoi se doucher, faire la lessive soi-même ou en demandant à Fatou, une voilerie, un atelier, un bar, un passeur pour nous amener sur nos bateaux, une connexion Wifi... C'est aussi un bon sas d'entrée avant d'aller dans les rues de Dakar qui sont très animées !

Après avoir effectué les formalités d'une façon beaucoup plus efficace qu'au Maroc, nous nous sommes embarqués pour aller sur l'île de Gorée, point de départ des esclaves vers l'Amérique.

Gorée
L'île est toute petite et actuellement habitée par 1600 personnes. C'est très joli et l'ambiance est très particulière avec les sites commémoratifs des esclaves déportés.

Gorée en arrivant de Dakar 
Monument commémoratif offert par la Guadeloupe 

En visitant la maison des esclaves, nous prenons conscience de l'ampleur de ce commerce d'humains : plus de 12 millions de personnes déportées sur le continent américain auxquelles s'ajoutent toutes celles qui n'ont pas survécu au séjour dans une « esclaverie » ou au trajet et un continent dépeuplé de toutes ses forces vives.

Au rez-de-chaussée les cellules avec la « porte sans retour » qui donne vers l'embarcadèreLa cellule des « récalcitrants ». Les autres sont toutes pareil.

L'île de Gorée était particulièrement intéressante par sa position puisque c'est le point d'Afrique de l'ouest le plus près des Antilles. Tout le pourtour de l'île comportait des esclaveries où les gens rentraient par une porte pour ne ressortir que par celle qui les conduisait à l'embarcadère. La maison des esclaves est l'une des esclaveries les plus récentes (construite aux environs de 1750). Les cellules sont minuscules, humides et sans lumière et leur état a été conservé. Les marchands logeaient à l'étage, juste au dessus des cellules. La visite est courte mais assez impressionnante.

Malgré l'aspect commémoratif des lieux, nous n'avons pas échappé à Fama, une marchande d'objets en tout genre qui nous a abordés dès l'embarcadère à Dakar. Mais cette fois nous avons négocié durement et nous sommes assez contents de nous.

À Dakar, nous nous sommes rapidement rendus dans les rues du centre ville. La gare a un air « hors du temps » avec son style colonial aujourd'hui agrémenté de boui-boui en tout genre. La place de l'indépendance est un vrai capharnaüm et mieux vaut être prudent dès qu'on met un orteil sur la route !

La place de l'indépendance vue d'en basClin d'oeil aux « collègues » sénégalais

Nous avons testé le bus. À première vue ça semble désorganisé mais finalement pas tant que ça. Il y a le chauffeur et celui qui fait monter les gens à l'arrière, prend l'argent et donne des grands coups sur la carrosserie en criant pour prévenir le chauffeur qu'il faut démarrer.

Un boulevard. La pub pour Orange, une charrette à cheval, des petits marchands...Notre bus !

On a fait un peu nos boulets dans le second bus. On descendait au bout de 4 arrêts et on s'est mis à l'avant... Pas commode pour descendre... Par contre nous n'avons pas poussé en cherchant à avoir les horaires et le plan des lignes !
Proche du mouillage, nous nous sommes baladés dans les rues en retrait de la plage. Il y a de la vie partout ce qui donne une ambiance très dynamique. Les gamins viennent nous taper dans la main quand on passe et on ne nous harcèle pas pour acheter quelque chose. Il y a un petit marché où on a fait notre ravitaillement en fruits et légumes mais là il ne faut pas être pressé et chercher la quantité. À chaque étal, suivant la qualité, on achète deux tomates par-ci, une carotte par là. Pour la pastèque, voir avec le grossiste sur la place. En revenant par la plage, on passe le long du marché au poisson, des frigos non branchés qui servent de glacière pour le poisson et des pirogues stationnées en rang d'oignon.

Grandes pirogues de pêche. Les plus grosses peuvent partir en mer 15 jours.Frigos pour le poisson

Ces bateaux sont énormes et pour les bouger, centimètre par centimètre, il faut au moins 30 costauds. Même la plus petite des pirogues est ultra lourde, elles sont toutes faites dans de gros morceaux de bois.
Notre balade a été gâchée par les ordures qui jonchaient la plage ou entassées à la sortie des cours d'eau ou des égouts. Le ramassage des ordures est carrément défaillant et les gens n'ont pas d'autre solution que faire des tas pour les rassembler un minimum. Avec le vent et la mer, ça s'envole et ça se répand partout. En rencontrant une équipe de jeunes en train de tourner un reportage sur la pollution à Dakar, ils nous expliquent aussi que le problème n'est pas arrangé par l'éducation des gens. Ça va de paire : éduquer les gens pour qu'ils jettent leurs ordures dans les poubelles et mettre des poubelle à disposition et organiser leur ramassage.

Pas trop motivés pour aller plus loin malgré le petit gars sympathique décidé à aller sur la photo.Heureusement que la photo ne rend pas l'odeur...

Dans l'ensemble, Dakar a un gros problème de « surpopulation » qui impacte tous les réseaux : routes, eaux usées, électricité, eau douce. La population de la ville a grossi énormément en peu de temps et les infrastructures n'ont pas suivi. Par exemple, chaque jour, l'eau et le courant sont coupés. Mieux vaut avoir rincé son shampooing quand ça arrive au moment où on est sous la douche !

Pendant notre séjour, nous avons rencontré les membres de l'association Voiles sans Frontières avec qui nous allons travailler dans le Sine Saloum. Ils nous ont donné plus de précisions sur ce que nous allons pouvoir faire avec les écoles là-bas et nous ont remis un vidéo-projecteur qui nous permettra de diffuser le reportage des enfants de la maison des jeunes de Dinard dans de super conditions.
Après des négociations fructueuses confirmées par des dires de Sénégalais (« mais vous avez payé le prix sénégalais ! ») et l'apprentissage de quelques mots de Wolof grâce à notre ami Mohammed qui habite près du CVD, nous quittons Dakar pour rejoindre le Sine Saloum où nous resterons au moins 15 jours.
Sur ce, on vous laisse avec l'image de l'homme africain du futur...

« - Tu voyages seul ?
   - Non j'ai une femme.
   - ??!!! Et c'est toi qui fais la lessive ???!!!
   - Oui, elle s'occupe des mails aux amis. »

 

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