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Publié le 21 Mars 2011
Guyane

Entre Fortaleza et la Guyane la navigation prend un rythme inhabituel pour nous. Avec souvent 7 noeuds de moyenne nous avons même battu notre record de distance parcourue en 24h : 170 milles !
Non, non Ty Punch n'est pas devenu « supersonique », cette vitesse est due au courant fort qui longe les côtes nord de l'Amérique du Sud et qui nous portait dans la bonne direction. Même dans la pétole, nous avons eu le plaisir d'avancer à 2.5 noeuds, toutes voiles affalées.
Le trajet a aussi été marqué par la pluie. Sur 8 jours, nous avons pu prendre 4 douches à l'eau de pluie, le luxe ! C'est donc les joues fraîches et le cheveux soyeux que nous sommes arrivés à Kourou le 22 février au petit matin. Il a fallu freiner pour arriver de jour et malgré les voiles aussi mal réglées que nous avons pu, nous étions toujours à 6 noeuds sur le fond.


Le mouillage dans le fleuve Kourou

Nous mouillons dans la rivière de Kourou dans un très fort courant qui charrie plein de débris venus de l'amont : des branches, des graines, des feuilles... Malgré nos efforts nous sommes un peu en bordure de chenal mais nous considérons que notre position est correcte. Ce n'est pas l'avis des gendarmes qui nous demandent gentiment mais sûrement de remouiller plus à l'extérieur. Nous nous exécutons et partons à terre, décidés à se faire plaisir avec des produits « bien de chez nous » qui nous manquent. Les prix sont exorbitants, tout est importé ici ! Toute la semaine, à chaque fois que nous demandons un truc un peu spécifique on nous répond qu'il faut le faire venir de Paris... Mais il y a bien des entreprises en Guyane quand même ??!! C'est tout juste si on ne nous a pas conseillé de faire venir nos recharges de gaz de la métropole.
Ici les « métros », les Créoles, les Amérindiens, les Brésiliens, les Africains, les Asiatiques et autres origines cohabitent ce qui donne à la Guyane un caractère très cosmopolite. Dans tout ça, la France importe ses produits, ses gendarmes, son fonctionnement et ses aménagements routiers ce qui donne un petit côté « France artificielle sous les tropiques ».

Après une bonne nuit, sereine, j'émerge et mets le nez dehors. J'aperçois une bouée de chenal verte qui n'était pas là du tout la veille. Nous sommes à 300 mètres de l'emplacement duquel nous étions mouillés... mmmmh. Cette fois nous sommes en plein milieu du chenal et tout en continuant à déraper nous évitons la bouée de justesse puis le bateau s'arrête. Branlebas ! L'orin (corde pour les néophytes) de la chaîne est pris dans la quille donc impossible de remonter le mouillage. Le courant est fort et avec le moteur on essaye de faire pivoter le bateau pour dégager l'orin... qui se prend dans l'hélice ! Nous voilà bien, dans 4/5nds de courant avec un mouillage qui dérape, impossible à relever et un moteur en rade. Gaëtan décide de plonger pour dégager l'hélice et trouver un système pour reprendre la tension du mouillage. L'eau est tellement boueuse qu'il ne voit rien et fait tout à tâtons. Après plusieurs manoeuvres, des bouts de partout et un peu de réflexion nous finissons par remonter le mouillage avec un moteur qui fonctionne. Ouf ! On retourne mouiller en mettant deux ancres cette fois, là où on était... enfin à peu près parce que cette fois c'est un bateau pilote qui vient nous dire qu'on est dans le chenal. On re-re-re-remonte le mouillage pour la Xième fois, Gaëtan en a plein les bras et on finit par réussir à mouiller correctement, à un endroit qui satisfait tout le monde apparemment. On est un peu perplexes sur ce dérapage et à l'étale suivante on constate que le bateau tire vraiment de travers, vent et courant étant opposés. Puis sous nos yeux ébahis l'orin se prend de nouveau dans la quille ! Le bateau se met ensuite en travers du courant, accroché par la quille et tire deux fois plus sur le mouillage... d'où le dérapage. Cette fois c'est bon, nous ne nous ferons pas avoir, un sac avec de la chaîne est accroché pour lester le fameux orin et lui permettre de passer sous la quille quand ça ne tire pas. Enfin sûrs de notre mouillage nous pouvons descendre à terre...

Notre première escapade « nature » se fait à la Montagne aux Singes. Nous nous y rendons en stop avec une facilité déconcertante. Nous ne marchons que 10 minutes, juste au moment où un gros grain arrive... on prend une bonne douche qui n'est finalement pas désagréable par cette chaleur !

Vive la saison des pluies !Gardons la tête froide.
Des lianes qui se sont prises dans le sol.Pour l'échelle, voir en bas dans les racines. Multiplier par 1m75 pour avoir la hauteur de l'arbre...

Bienheureux de se retrouver au vert on se prend pour des aventuriers bravant la forêt sauvage. Nous échappons à plusieurs bêtes féroces mais nous ne voyons pas de singe. Soudain, au creux d'un ruisseau, Gaëtan aperçoit quelque chose qui brille... mmmh... c'est jaune et ça brille... on est en Guyane, terre d'orpailleurs... DE L'OR !!

Bouh les grosses bêtes !De l'or ??!!!

Trop heureux, nous allons pouvoir nous lâcher sur le fromage et le saucisson méga cher « qui vient de Paris ». S'il nous reste de l'or après ça on ira louer une voiture pour partir à la recherche d'autres filons... Même si le stop est super facile, une voiture ça change la vie quand on est « pressés ».

De retour à la civilisation, notre première visite « de gens motorisés » est pour le centre spatial guyanais. Nous sommes sur liste d'attente pour la visite des installations (s'y prendre au moins 2 semaines à l'avance si vous voulez choisir vos dates) et nous les apercevons de loin. C'est impressionnant ! Nous avons quand même droit à la visite de la salle Jupiter qui est un peu la « tour de contrôle » lors des lancements.


La salle Jupiter avec l'écran de contrôle.

Une fusée part tous les mois pour lâcher des satellites dédiés notamment à la communication. Nous avons raté de peu le précédent lancement qui a eu lieu le 16 février. Le rythme des lancements va s'intensifier prochainement avec la mise en service de deux lanceurs supplémentaires, plus petits : Soyouz et Vega. Le terme « ESPACE » jouit d'un tel prestige que ça n'a l'air de choquer personne qu'à chaque lancement 90% de la fusée finisse en mer ou comme déchet dans l'espace. La recherche avance pour pouvoir récupérer un maximum d'éléments... Ceci dit, avec notre balise de détresse et notre téléphone satellite nous sommes mal placés pour critiquer la présence des satellites dans l'espace. Rien qu'avec ce qu'on a à bord on en utilise au moins 2.
Nous sommes aussi impressionnés par l'importance des terrains du CNES sur une bonne partie du territoire guyanais : les zones techniques directement liées à la fusée et tout ce qui va avec mais aussi beaucoup d'espaces naturels comme la Montagne aux Singes.
Nous avons rendez-vous avec des Couchsurfeurs le samedi soir à Saint-Georges de l'Oyapock, à la frontière brésilienne. Nous partons dès le vendredi, avec tout notre matériel de camping. Cette fois nous ne sommes pas limités par notre capacité à porter !
Nous passons rapidement par le centre ville de Cayenne qui n'a vraiment pas grand intérêt au delà de la place des Palmisses et nous poursuivons vers Kaw. Il fait nuit de bonne heure et assez vite nous cherchons un endroit pour passer la nuit. Après 1h sur une toute petite route en direction de Kaw nous trouvons une sorte de parking. Nous sommes tous seuls et nous n'entendons pas un bruit à part les bebêtes de la forêt. Grâce à notre escapade à la Montagne aux Singes nous connaissons les animaux de la forêt. Par contre c'est quoi ces lumières dans les fourrés ? Des yeux ? Par super rassurés nous préférons dormir dans la voiture. De toute façon le terrain n'est pas propice à la tente, ici c'est le hamac.

Cayenne, place des Palmisses.Surtout, on ne s'éloigne pas de la voiture !!

Au matin nous découvrons notre environnement qui est vert, soit, sans être complètement sauvage puisque nous sommes sur le parking d'un point de vue. Nous sommes réveillés par le passage de plusieurs voitures pleines de touristes qui se rendent probablement à Kaw. Bonjour les aventuriers !
Nous nous rendons aux chutes de Fougassier pour un bon bain vivifiant et nous reprenons la route vers Saint Georges.

Jet massant...Bain bouillonnant.

À mi-parcours nous passons un barrage de gendarmerie et on nous conseille de ne pas s'arrêter en chemin sur le bord de la route, même pas pour aller faire pipi. À l'approche de la frontière la forêt est pleine de clandestins qui sont intéressés par les voitures. Sympa l'ambiance, mais où on va là ??!!

Nous sommes accueillis chez Stéphane et Sarah, en Guyane depuis 1 ans. On papote puis ils nous emmènent chez un ami passionné de serpents et d'animaux en général. Il a trouvé un superbe spécimen de couleuvre que Stéphane veut photographier. On apprend pas mal de choses sur ces bestioles qu'on peut rencontrer en forêt (en général elles ont plutôt peur de nous). Petite séance de tripotage de petits spécimens puis c'est parti pour la lisière de la forêt pour quelques photos. La bête est nerveuse et aimerait bien se retrouver en liberté. On ne fait pas trop les fiers (enfin surtout moi).

Tranquille... celui-là est un spécimen rare.La bête, motivée pour aller se balader.
Mais heureusement que Gaëtan la retient.Moi je la caresse pour la tranquilliser...

Après avoir appris qu'il avait relâché un serpent dans un cours d'eau, nous partons nous baigner pour nous remettre de nos émotions. De toute façon maintenant, côté bebêtes nous sommes calés ! La Guyane regorge de cours d'eau que les Guyanais appellent les criques. L'eau est de super qualité quasiment partout et souvent on peut la boire.
Pour la soirée nous prenons la pirogue pour une petite escapade clandestine au Brésil, à Oiapoque.

Le lendemain, avant de rentrer à Kourou pour la parade du Carnaval, nous accompagnons Stéphane et Sarah à une compétition de kayak polo au Saut Maripa. Sur les rivieres, les saut sont des rapides. Le passage en pirogue y est souvent difficile et dangereux. Le site est magnifique et donne envie d'aller voir plus loin en amont où se trouvent des villages amérindiens.


Baignade bien agréable au saut Maripa !

Mais pour ça il faut une pirogue, beaucoup de temps et quelqu'un qui connaît le cours d'eau comme sa poche. En Guyane peu de gens dépassent la bande de 30 km le long de la côte. C'est là que se concentrent les agglomérations et les routes. Dès qu'on s'éloigne c'est d'abord la piste puis la forêt pénétrable seulement grâce aux cours d'eau. C'est immense !


20 km de piste pour atteindre le Saut Maripa.

Sur la route du retour nous nous arrêtons au village Hmong de Cacao. Les Hmong sont arrivés dans les années 70 à Cacao. Quasiment tous les habitants sont Hmong et les maisons sont de style laosien. Le marché est réputé et nous transporte en Asie le temps d'acheter quelques fruits et légumes et de déguster des « trucs » un peu extraterrestres. Bon appétit !

Même pas peur, on tente !C'est vert, gélatineux avec du lait de coco. Le rose fluo a coulé...

À Kourou, la parade a commencé depuis 17h. L'ambiance est bon enfant et est beaucoup plus amateure qu'au Brésil ! C'est sympa mais nous sommes claqués, nous ne faisons pas de vieux os.

Il est temps de partir. Au bout d'une semaine, après avoir écumé toutes les boutiques de Kourou à la recherche de recharges pour nos bouteilles de gaz de 70h on finit par capituler. Nous voilà maintenant équipés d'une bouteille de 25kg comme à la maison !

Avant de quitter définitivement la Guyane nous nous arrêtons aux îles du Salut pour faire un tour au bagne. On est surpris qu'un truc aussi glauque ait existé jusqu'à il n'y a pas si longtemps (celui des îles du Salut a fermé en 1948). Dreyfus et Seznec ont été en détention ici.

L'île Royale au premier plan, celle du Diable à gauche et l'île Saint-Joseph au fond.Il faut s'y faire, c'est le début de la saison des pluies.
La cour des cellules d'isolement « claires ». Au centre les bases de la guillotine.La Chapelle vue de l'hôpital du personnel.

Le site appartient maintenant au CNES et est évacué à chaque lancement de fusée, les débris pouvant atterrir ici. Au delà des bâtiments du bagne le site est super beau et très peuplé. Amis des bêtes, nous y avons rencontré des singes, un caïman, des iguanes, des perroquets, des sortes de rongeurs bizarres et puis des poules et des paons... Sur la route du retour Gaëtan s'est mis en tête de boire de l'eau de coco et a commencé à ouvrir une noix. Tout un chantier !

Le caïman introduit pour manger les grenouilles qui dérangeait les résidents (pas les bagnards bien sûr).Un magnifique perroquet.
L'homme à l'état sauvage !!Ty Punch et son grand voisin.

Le mercredi 2 mars vers 15h nous mettons les voiles en direction du Vénézuela. L'escale Guyanaise a été dense et c'est vraiment un coin à visiter ! Mais malgré les pépites d'or nous nous sommes lâchés sur le budget et les îles quasi désertes du Vénézuela vont nous faire du bien ! En route pour les mouillages « caraïbes » !

 

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