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Publié le 25 Mai 2012
Vanuatu : Tanna

La traversée entre l'île des Pins et l'île de Tanna n'a duré que 2 jours mais a été de loin, pour moi, la pire navigation depuis le début du voyage. Du près tout du long dans une mer très formée avec pour résultat un mal de mer carabiné et 24h sans manger... Mais nous voulions aller à Tanna et nous n'avons pas été déçus.

Nous avons jeté l'ancre dans la baie de Port Résolution le 4 mai. Le temps est gris et nous sommes le seul bateau. À peine arrivés, deux hommes nous rendent visite dans leur pirogue à balancier. La première question est « mais comment vous avez fait pour arriver avec ce temps !? ». Une heure plus tard, une seconde pirogue arrive. Cette fois nous communiquons en anglais avec Tom qui nous demande si nous avons des piles pour sa lampe torche et des DVD. En échange il nous donne d'énormes pamplemousses et un haricot géant.


Le haricot géant

Voilà en peu de temps deux éléments du fonctionnement à Tanna et probablement du Vanuatu en général : la langue et l'échange. Le pays a été géré par un condominium Franco-Anglais jusque dans les années 80. Aujourd'hui le Vanuatu est indépendant mais la plupart des villages ont une école française et une anglaise. Quand on rencontre quelqu'un pour la première fois, on ne sait jamais si on va pouvoir communiquer en français ou en anglais. Il y a aussi ceux qui ne parlent ni l'un ni l'autre mais qui parlent le bichlamar, la langue locale qui est une sorte de créole anglais. Du coup on s'en sort toujours à peu près avec de l'anglais très simple.
Les échanges sont courants. À part sur le marché, en échange de fruits, d'un service, d'objets artisanaux, etc... il est préférable d'apporter des objets ou de la nourriture plutôt que de l'argent. Nous avions un petit peu prévu le coup et nous avons échangé des savons, de la farine, du riz, du sucre, des piles, des hameçons, des couvertures, des T-shirts, des couteaux de cuisine... Tout ça n'est pas donné au hasard, les gens savent très bien ce que l'on peut avoir à bord et ce qu'ils veulent.

Après une bonne nuit nous allons faire un tour au village en passant par le yacht club de Port Résolution. Si, si, il y a un yacht club, la baie est un point de passage incontournable pour tous les bateaux qui viennent voir Yasur, le fameux volcan en activité permanente avec un cratère ouvert. Il y a seulement deux volcans de ce type dans le monde : Yasur et le volcan d'Hawaï. Le Yacht Club appartient à la communauté et toutes les ressources financières, dues notamment à la location de bungalows ou à l'accueil de rallyes nautiques, sont partagées.
En arrivant au village, nous sommes surpris de trouver quasiment 100% de maisons en matériaux végétaux. La végétation est partout et des petits chemins mènent à tous les recoins. Les murs sont en général en bambou ou en roseau et les toits en feuille de canne à sucre ou palme de cocotier. Il n'y a pas d'électricité à part quelques lampes solaires ou des petits panneaux solaires qui alimentent des ampoules.

Maison typiqueUn des villages de Port Résolution

Différents points d'eau sont présents dans le village. On se perd un peu dans tous les chemins et nous arrivons sur une plage de sable blanc protégée par un mini lagon. Il y a un restaurant qui ouvre quand les touristes sont là. Nous sommes au tout début de la saison et pour l'instant nous sommes seuls. À l'arrière du village se trouvent de petites plantations et des enclos pour les cochons. Les cochons sont élevés pour être mangés lors de cérémonies importantes comme les mariages, les circoncisions...

La plage de sable blanc au sud est du villageLes pirogues locales
Cochons nourris à la cocoUn banian géant (celui-ci n'est pas très gros)

Lors de nos deux premières journées, en discutant avec les personnes que nous avons croisées, nous avons été un peu éclairés sur la vie locale. Les croyances et la tradition sont très présentes et nous apprenons quelque chose de taille auprès de Johnson : il est l'homme qui peut faire changer la direction du vent avec des pierres magiques. On ne rigole pas avec ça et nous lui demandons s'il peut faire quelque chose pour que le vent passe au sud, nous en avons vraiment besoin. Il y a aussi le spécialiste de la pluie, du soleil, des cultures, etc... Après l'école, les garçons sont réunis et on leur apprend comment préparer le kava, la boisson locale plutôt narcotique, et tout ce qu'ils doivent faire pour tenir leur rôle d'homme. Certains apprennent la magie en plus. Les filles apprennent la vannerie, la fabrication de colliers, la cuisine, la tenue de la maison...


Séchage des feuilles de pandanus pour la vannerie

Ça fait plus de deux jours que nous sommes arrivés et il est temps d'aller à la grande ville de l'île, Lenakel, pour faire nos formalités, changer notre argent en Vatu (100Vt = 1€), donner signe de vie avec Internet. Nous sommes donc prévus dans la voiture pour Lenakel qui part, nous a-t-on dit, à 7h de la place du village. À 6h45 nous sommes à terre et on nous dit que la voiture est déjà partie. Heureusement que le portable passe, la voiture fait demi-tour. Encore une chose, le découpage de la journée en heure n'a vraiment aucun sens pour personne ici alors désormais on parle en matin, midi et après-midi en sachant que quand on donne rendez-vous à quelqu'un le matin il faut être prêt à partir de 7h ! Pour une fois nous ne protestons pas trop quand on nous offre les places arrière de la voiture en raison de notre statut d'étranger. Le voyage dure deux heures et la route principale est une piste à la limite de l'impraticable par endroits. Nous sommes dans un pick-up et nous sommes 15 en tout : 5 sur les places normales et au moins 10 personnes dans la benne. Certains sont debout et quand on croit que la voiture est pleine, le chauffeur s'arrête pour en prendre d'autres en chemin. Le gasoil coûte cher (une des rares choses dont le prix est le même dans tous les pays non producteurs quelque soit le niveau de vie local) et le trajet à Lenakel est rentabilisé au maximum. Sur le retour, une dame nous dit que quand la voiture ne passe pas, elle va à Lenakel à pied, ça ne prend qu'une journée...! Ah si, l'heure est une unité qui a de la valeur quand on parle de temps de marche et en général c'est juste.
Lenakel ressemble plus à un gros village qu'à une ville mais nous trouvons de quoi faire nos petites affaires. Gaëtan est en pleine folie d'achat sur le marché, les fruits et légumes ne valent rien, quel bonheur et il voit une confiture ou une conserve-bateau derrière chaque fruit !! Nous sommes surpris par l'ambiance ultra calme des lieux. Les gens chuchotent entre eux et on ne voit jamais personne héler quelqu'un d'autre à travers la place. Alors nous aussi nous baissons d'un ton ce qui ne change pas grand chose au fait que nous sommes remarqués depuis bien longtemps.

Le marché de Lenakel. Bananes Poingo (à cuire), tarot, igname, cocos, pamplemousses, citrons, oranges, avocats...Pause à la station service sur le chemin du retour. À cet endroit la route est bonne.
Les 4x4-bus sur la route au pied du volcan.Tours organisés au volcan pour les touristes.

Nous retrouvons Port Résolution avec plaisir et partons marcher vers Sulfur Bay, la baie voisine pour se rapprocher du volcan. On nous indique un petit chemin qui monte entre deux villages. Il y a des petits chemins qui partent dans tous les sens et nous déboulons en plein milieu d'un village qu'on ne soupçonnait pas. Il a une vue imprenable sur la baie où nous sommes mouillés et le lac en arrière de la plage. En fait, les habitations se fondent tellement dans la végétation que de la mer nous n'avons rien vu. En fait, la baie est entourée de petits villages.

Village caché dans les arbres.Avec vue imprenable sur Port Résolution et son lac d'eau douce.

Un peu plus loin, nous passons entre plusieurs jardins. Toutes les familles possèdent des jardins où sont cultivés les légumes et les fruits nécessaires à l'alimentation de tous les jours. La journée, les villages sont vides, les habitants sont au jardin. Plus on se rapproche du volcan plus on entend son souffle, c'est moyennement rassurant. Nous croisons plusieurs personnes qui redescendent vers les villages de Sulfur Bay chargés de leur récolte. Leurs sacs sont en palme de coco tressée comme ceux du marché de Lenakel ou faits avec des sacs de riz. Il sont portés sur le dos grâce à des lanières faites en fibre de pandanus. Les sacs sont chargés d'ignames, de manioc, de patate douce et ça doit sérieusement lacérer les épaules comme chargement. Les femmes, jeunes ou vraiment moins jeunes et les hommes portent tout ça pendant au moins une heure dans un chemin qui monte et qui descend pour rejoindre le village. Avec nos sacs en lanières rembourrées étudiés pour le confort sur le dos nous sommes en sueur... Nous arrivons au village d'Ipekel trop tard pour poursuivre vers le volcan alors nous repérons le mouillage et décidons de revenir le surlendemain avec le bateau si la météo est bonne. De retour vers Port Résolution, nous faisons la connaissance de Tom, catholique et défenseur de la langue française à Ipekel. Il nous parle aussi du culte voué à John Frum et des fêtes célébrées en son honneur tous les vendredis. On lui parle de notre projet de venir avec le bateau ou la tente et il nous invite à venir chez lui et nous propose de nous guider pour la marche vers le volcan. Affaire conclue !

Femmes qui reviennent du jardin bien chargées. Il reste une heure de marche avant le village.Sulfur Bay
Un banian à IpekelLe volcan qui domine le village

Tom, rencontré par hasard en chemin entre les deux baies. Ce sera notre guide pour aller au volcan.

John Frum, dieu du « culte cargo »

Un « culte cargo » est une pratique religieuse apparue dans plusieurs sociétés tribales pré-industrielles au début des relations avec les cultures occidentales technologiquement plus avancées. Le culte se concentre sur l'accès à la prospérité et aux biens matériels grâce à la magie et à des rituels religieux. Les membres du culte croient que l'accès à cette prospérité était prévu pour eux par leurs dieux et leurs ancêtres. Les cultes cargos se sont d'abord développés dans des parties reculées de Papouasie Nouvelle-Guinée et dans certaines sociétés Mélanésiennes et Micronésiennes du sud-ouest du Pacifique au début de l'arrivée des occidentaux an 19ème siècle.

À Tanna, la figure du culte est « John Frum ».
De 1906 à 1980, deux pouvoirs coloniaux ont cohabité au Vanuatu, alors nommé « Nouvelles-Hébrides ». C'était le « condominium » Franco-Britannique où aucun des deux n'avait de souveraineté exclusive et où français et britanniques, catholiques et presbytériens étaient en rivalité permanente. À Tanna, l'église protestante a été la première à arriver sur l'île et a imposé sa loi avec force auprès des populations locales. L'usage des anciennes coutumes a été durement réprimé, les croyances, les danses rituelles et la consommation du kava interdites.
Dans les années 30, un habitant de Tanna revient d'un voyage habillé avec une tenue militaire et décrit ce qu'il a vu, annonce l'arrivée des troupes et la guerre du Pacifique. C'est à partir de là que naît le culte, dans l'espoir d'une vie meilleure apportée par « John Frum ». « John Frum » serait une déformation en bichlamar de la façon dont se présentaient les soldats américains : « I'm John from... » (Texas, Kansas, Alabama...).
En 1942 les voeux sont exaucés, les troupes américaines débarquent à Tanna avec tous leurs biens considérés comme luxueux (réfrigérateurs, radios, voitures, camions, cigarettes, boîtes de conserves, électricité). Les soldats se comportent de façon amicale avec les locaux et ne leur imposent rien quant à leur croyances.
C'est ainsi que se renforce le culte de John Frum qui prône le retour aux anciennes coutumes et fait figure d'esprit incarné pour lutter contre la colonisation franco-britannique.
Aujourd'hui, le culte est toujours actif, notamment à Sulfur Bay. Les cérémonies ont lieu tous les vendredis soirs et durent jusqu'au samedi matin. Elles sont notamment rythmées par des levers de drapeaux, des défilés et les dirigeants portent des uniformes qui rappellent ceux des GI américains.


Stèle en l'honneur de John Frum à Sulfur Bay, Tanna

Pour notre dernier jour à Port Résolution nous sommes « invités » à manger un cochon grillé sur la plage avec Joe et sa femme Flora. Nous payons le cochon mais ils s'occupent de tout. Les bananes et le manioc sont cuits dans l'eau de la source d'eau chaude. Nous nous régalons mais ne sommes pas très à l'aise. Nous « finançons » le repas, voire un peu plus et ce statut fait que nos hôtes font 10 fois plus que ce qu'ils auraient peut-être fait en temps normal. On mange à table, avec des couverts, les plats sont bien présentés et on sent bien que cette façon de manger n'est pas naturelle pour eux. Nous passons quand même un moment sympa et au moment de goûter le sirop de citron que nous avons amené (fait avec les citrons de Joe) on nous pose plein de questions sur la recette. Gaëtan reviendra faire un cours de sirop pendant que je ferais la lessive. En tous cas le sirop plaît parce qu'il a été servi à d'autres bateau-voyageurs en visite chez Flora et Joe.

Cochon grillé sur la plageLa source d'eau chaude de la plage.

Cuisson des aliments dans la source d'eau chaude.

Le jeudi matin, en partant vers Sulfur Bay nous tombons sur Benoît, parti de France à peu près en même temps que nous sur un bateau acheté à St Briac. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois en Nouvelle-Zélande la veille de notre départ. Nous avons des connaissances communes et c'est toujours rigolo de rencontrer des gens comme ça à l'autre bout du monde. Du coup nous allons ensemble à Sulfur Bay. Sur place, le mouillage est rouleur mais le vent est faible pour les deux jours à venir donc nous laissons le bateau en étant confiants. Toutes nos affaires sont emballées dans des sacs étanches puis nous nous présentons dos au vagues pour un débarquement coachés par les pêcheurs sur la vague à prendre. Nous partons en surf et arrivons secs sur le sable sous les acclamations du public présent. Tom est là, il nous attendait et nous conduit chez lui.
Il habite dans un village en haut de la falaise qui domine la plage et heureusement pour nous, depuis l'année dernière, un escalier en béton a été construit. Ça grimpe et nous sommes bien échauffés pour la marche qui nous attend une fois en haut. Nous plantons la tente près de sa maison avec vue imprenable sur le volcan. Comme ça, cette nuit nous pourrons admirer les crachats de lave rougeoyante du volcan.

Arrivée à Sulfur Bay.On voit les bateaux depuis le village de Tom.
Et la vue est aussi imprenable sur le volcan.Une « chambre » de la maison de Tom composée de plusieurs cases ayant chacune une spécialité (cuisine, chambre).

Après un petit détour par les villages voisins nous arrivons dans le désert. Nous sommes pile sous le vent du volcan et aujourd'hui il est pas mal actif et produit une poussière pas possible. En toussotant nous avançons dans un paysage lunaire où la cendre a tout recouvert empêchant la végétation de pousser. Une rivière passe par au milieu et le façonnage des berges donne des formes vraiment spéciales. Par moments on entend vraiment bien le volcan et parfois on aperçoit les pierres jaillir du cratère. Jackie Chan est venu la semaine dernière tourner des scènes pour son prochain film. On ne veut pas vendre la mèche mais il serait question de bagarre, de dragons et de volcan...

Dans le « désert » au pied du volcan. On est sous le vent alors avec la poussière et la cendre la végétation a du mal à pousser. 
Dès qu'on n'est plus sous le vent la végétation reprend ses droits.L'eau se fraye facilement un chemin dans le sol très meuble formé par la lave tassée.

La poussière est très importante et Tom estime que ce n'est pas prudent de monter par la face qu'il avait prévue. Du coup, nous passons par le « péage », obligatoire pour tous les touristes qui montent en voiture. Le prix a augmenté de 10€ par rapport à l'année dernière et le gardien finit par accepter de nous faire l'ancien prix, nous avions prévu juste. Plus on monte, plus on entend le volcan. On ouvre grand les yeux autour de nous et surtout vers le cratère qui crache de la lave de temps en temps. Au bord du cratère s'est carrément impressionnant, la lave bouillonne dans le fond, de la fumée s'échappe en permanence à grands bruits et parfois « ça pète ».

Même la poste est présente en haut.Le point d'observation au bord du cratère.
Le cratère qui crache et fume en permanence.Il y a en fait 4 cratères.

Après plusieurs belles explosions qui nous on bien fait sursauter, on redescend en direct vers Sulfur Bay, les pieds dans la poussière en suivant Tom vite fait bien fait parce que là où nous sommes nous ne sommes pas trop à l'abri d'un lâcher de lave beaucoup plus gros que les autres.

Même la poste est présente en haut.Le point d'observation au bord du cratère.
 De retour en bas, toujours un peu dans la poussière.

Nous arrivons au village couverts de poussière mais encore impressionnés par ce que nous venons de voir. Pour nous détendre, nous allons nous baigner aux sources d'eau chaude, les femmes d'un côté et les hommes de l'autre et pas de mélanges !
Benoît a repris la mer et nous sommes montés chez Tom avec qui nous avons passé la soirée à discuter à la lueur de notre lampe frontale. Nous sommes ses invités et n'avons mangé qu'avec lui, nous ne connaissons pas le reste de sa famille à part ses enfants, dommage.

La nuit a été correcte, rythmée par les chiens du village plus ou moins errants et qui deviennent plus ou moins fous la nuit et par les souffles du volcan que l'on pouvait ressentir avec un léger gonflement de la toile de la tente. À 5h30 du matin le village de réveille et les femmes se mettent au travail pour préparer le petit déjeuner : râpage de cocos, cuisson du riz, de l'igname, etc, le tout au feu de bois.
Avant de partir nous passons à l'école française présenter notre voyage et les bandes dessinées que nous remettons régulièrement pour l'association Alofa Tuvalu. On nous remercie chaleureusement en nous remettant des cadeaux puis nous faisons la photo de groupe dans la cour. Notre arrivée dans la salle de classe nous a rappelé le Sénégal. Les enfants nous accueillent en disant (très fort) « bonjour missié, bonjour madame » exactement de la même façon qu'au Sénégal, même accent, même air ! Des restes de la présence des missionnaires...?

On nous remet des cadeaux en échange des BD.Photo de groupe de l'école française catholique d'Ipikel.

Le vent a légèrement tourné et il est temps de partir. Déjà les vagues sont plus grosses et le départ de la plage avec le kayak est beaucoup plus humide que l'arrivée. Nous avons un passager jusqu'à Port Résolution, c'est les vacances scolaires et nous ramenons Donovan chez lui. Pendant notre absence d'une nuit, 6 bateaux sont arrivés dans le mouillage où nous étions seuls toute la semaine.


On se prépare à retourner au bateau dans les vagues. Malgré l'aide des pêcheurs on sera bien mouillés... Mais ces deux petits jours à Sulfur Bay valaient bien ça !

Le samedi 12 mai nous quittons Port Résolution. Nous avons un passager pour la traversée, Tony, qui va rendre visite à sa famille à Port-Vila. Il ne voyage pas les mains vides, nous avons un énorme sac de kava ficelé sur le pont.

Tony, notre passager pour se rendre à Port-Vila.Au revoir Tanna et Yasur, le volcan autant impressionnant que poussiéreux.

Tony est notre premier passager (on ne compte pas les amis en visite avec qui le manque d'intimité à bord est plus facile à gérer) pour une navigation de 24h et nous appréhendons un peu le fait de ne pas vraiment pouvoir communiquer avec lui (son anglais est très basique). Lui ne semble pas très à l'aise et ne dit jamais clairement oui ou non, ne demande pas vraiment quand il a besoin de quelque chose. Un peu inquiète qu'il soit malade dans la couchette avant (la seule que nous pouvons offrir en mer, nous gardons celle du carré pour les quarts) j'ai décidé de bien travailler les 3 F, sources du mal de mer : Faim, Froid, Fatigue. Je commence par la faim et je propose à manger à Tony jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus et dise clairement stop. Pour le froid, je veille au grain et nous prêtons une polaire et un pantalon. Tony essaie de lutter pour ne pas s'endormir dans le cockpit, hop, coussin et dodo allongé ! Bon, tout ça est peut-être superflu, il est quand même pêcheur mais être dans sa pirogue ouverte ou enfermé dans la cabine de Ty Punch ce n'est probablement pas la même chose. Pendant ce temps, Gaëtan se lance dans la popote et Tony doit se demander où il a atterri. La nuit se passe bien et notre passager s'anime d'un coup quand un barracuda mord à l'hameçon. Le poisson est remonté vite fait bien fait avec tout le fil en vrac dans le cockpit. Pas grave, au moins ça occupe.

Nous arrivons à Port-Vila vers 14h avec l'intention de ne pas rester une éternité. Nous allons faire quelques courses et enfin envoyer les articles sur le site. Le permis de navigation pour l'Indonésie est reçu, plus rien de nous retient ici. Ça tombe bien parce qu'après Tanna, Port-Vila nous paraît bien fade.

 

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