!! NOUVEAUTÉ 2020 !!
--> CLIQUEZ ICI <--
pour suivre le voyage en Mer Méditerranée

Préparation

Atlantique

Pacifique

Indien

Atlantique-retour

MancheÎlesNamibieAfrique du Sud


Publié le 23 Janvier 2013
Wwoofing dans la région viticole de la province du Cap

À partir de Capetown, la route nous amène dans les terres. Les exploitations viticoles sont nombreuses dans un paysage de plus en plus montagneux. La végétation est sèche.
Jürgen et Marletta, nos hôtes, nous récupèrent à la sortie du bus à Ashton en fin de journée. Pour se rendre jusque chez eux sur la propriété de Simmonskloof, nous roulons 1h30 dont 45 bonnes minutes sur de la piste.

Les terres viticoles sont nombreuses à l'est de Capetown.Le relief est de plus en plus montagneux à mesure que l'on progresse vers l'Est.
Les exploitations sont très grandes. La surface moyenne d'une exploitation est 3 fois plus grande qu'en France (7 ha contre 23 en Afrique du sud).Les bâtiments aussi et s'il on peut aussi faire « la route des vins », les exploitations n'ont pas vraiment le look « vieille pierre ».

Jürgen a récupéré les 7000 ha de Simmonskloof qui appartenaient à son grand-père. Avec Marletta, ils gèrent 3 gîtes et un petit terrain de camping. Jürgen organise des sorties rando, canyoning, VTT... pour les clients qui le souhaitent. Ils aspirent à vivre le plus simplement possible. Ils ont des panneaux solaires pour leurs petits appareils électriques simples mais n'ont pas de lumière, ni chez eux, ni dans aucun des gîtes. Ces derniers n'ont pas d'électricité du tout d'ailleurs. Quand le soleil se couche, ils allument des lampes à pétrole, des bougies ou des lampes solaires qui ont rechargé dans la journée. Quand nous leur posons la question sur la raison de l'absence de lumières avec interrupteurs dans les pièces (les panneaux solaires suffiraient très largement à les alimenter), ils répondent que de cette manière, ils ne reçoivent que des clients intéressants. L'eau chaude est quand même possible grâce à des chauffe-eau solaires installés sur les toits. L'eau douce est captée à la source qui coule plus haut et dessert tout le terrain.
Leur maison est très sommaire et l'hiver doit être franchement rude ! D'une manière générale, ils rejettent un peu tout ce qui vient de la ville et considèrent qu'ils n'ont pas besoin de confort dans un lieu aussi reculé. Ceci dit, ça ne les empêche pas d'aller en ville faire des courses au moins une fois par semaine et de passer beaucoup de temps à peaufiner leur site Internet. Ils ont un potager mais qui est loin de fournir les vivres nécessaires aux repas chaque jour, c'est dommage.

Notre tente avec une super situation en bord de rivière sans oublier les border-collies qui nous suivent tout le temps pour prendre soin de nous.La douche en plein air.
Technique pour obtenir de l'eau chaude.Le terrain de camping avec 1/3 du bois déblayé par nos petits bras.
Un des gîtes.Les autres gîtes sont isolés sur le terrain.
La maison de Jürgen et Marletta avec les vestiges de l'ancienne ferme (vergers d'abricots entre autres).Le feu pour les « braai ».

Après un barbecue, nous sommes pressés d'aller nous coucher, nous sommes debout depuis 4h du matin et venons de nous taper plus de 7h de route. Jürgen nous donne rendez-vous à 7h le lendemain matin.
Le travail est assez dur : nettoyer les débris qui se sont accumulés sur les arbres lors d'une grosse inondation, construction d'un mur de pierre, nivelage d'une partie du terrain de camping... Les heures sont fixes (pause café, déjeuner...) et nous devons travailler 6h par jour ce qui laisse peu de temps pour soi, pour visiter un peu les alentours. La seule marche que nous ayons faite, c'était au pas de course avec un retour au coucher du soleil.

En plein travail de terrassement en compagnie de Mark, un Wwoofer hollandais.Nous réussissons quand même à marcher un peu, mais au pas de course jusqu'en haut de la montagne.
La vue est imprenable.Les 7000ha paraissent tout petits dans ce paysage.
Les criquets « disco » sont nombreux. Les rouges transportent leurs petits sur le dos.On se demande pourquoi la nature leur a donné ces couleurs de « camouflage » surprenantes.

Rapidement, nous nous lassons de ce programme musclé et rigide et en faisons part à Jürgen. Les Wwoofers sont des travailleurs volontaires, certes, mais ils ne sont pas censés travailler à temps plein comme des mules. C'est en tous cas notre point de vue, mais malheureusement pas celui de Jürgen qui, en nous comparant aux travailleurs agricoles sud-africains, estime qu'on n'a pas à se plaindre. Ces derniers sont d'ailleurs en grève et même si certains donnent une explication politique à la dureté de ces grèves, le salaire (7€ par jour avec certes un logement et un peu de nourriture) et les conditions de vie de ces gens et de leur famille sont vraiment peu enviables.

Nous souhaitons faire de moins grosses journées et/ou d'alterner les travaux difficiles et ceux plus faciles. Nous aimerions aussi avoir du temps pour aller faire une ou deux marches dans les alentours.
Malheureusement, Jürgen ne veut pas faire de concessions et nous demande de choisir entre les travaux durs à venir, 6h par jour, ou arrêter. L'échec vient aussi un peu de notre côté, nous ne nous sommes pas assez renseignés sur ce qu'il demandait, sinon nous ne serions pas venus. Contrairement aux ouvriers agricoles qui n'ont aucune autre solution que d'accepter des logements perdus dans la nature et des conditions qu'on leur impose pour espérer avoir quelques revenus, nous avons le choix. Nous décidons d'arrêter.

Nous sommes déçus que ça n'ait pas marché mais quittons Jürgen et Marletta en bons termes. Ils nous ramènent en ville et nous passons même la soirée ensemble pour un spectacle de charité en faveur de 3 jeunes danseurs. Une ancienne danseuse classique a décidé de donner des cours de danse dans le township de Zolani à Montagu. 3 frères et cousins se sont montrés talentueux au point qu'ils sont en passe de devenir danseurs professionnels. Ils sont encore en formation, deux à l'école d'art de Capetown et le plus jeune est à l'école nationale de ballet du Canada. L'objectif de la soirée est de récolter des fonds pour continuer à financer la vie des deux jeunes qui doivent se loger et se nourrir à Capetown. Des habitants de Montagu, dont Marletta, ont aussi préparé des numéros en plus de ceux des 3 jeunes. La soirée est très sympa et la performance des jeunes est impressionnante. La danse leur a ouvert des perspectives qui était complètement bouchée dans leur quartier. Leur histoire fait rêver les plus jeunes.

Siphe (14 ans), Mthuthuzeli et Aviwe (19 ans tous les 2) 

Nous revenons à Capetown en stop. Sur le bord de la route nous sommes en concurrence avec des dizaines de noirs qui agitent des billets pour être pris. La plupart des conducteurs demandent de l'argent. L'un d'eux s'arrête à notre hauteur, sa voiture est déjà pleine à craquer mais il nous assure que nous pouvons monter ! Nous déclinons, il ne faut pas abuser.

Les rues tranquilles de Montagu. Attention aux petits minous ! À moins que ce ne soit pour les léopards...Beaucoup de maisons au style hollandais.
Le toit de chaume est de rigueur.La vigne est omniprésente.

Le contraste entre le bourg buccolique et les townships est saisissant. Si ces quartiers ont été construits pour rassembler les noirs à l'époque de l'Appartheid, les architectes n'ont pas fait de prouesses. C'est souvent autour de ces quartiers où la plupart des gens sont très pauvres, que l'on trouve beaucoup d'autostoppeurs.

Notre premier chauffeur est un ancien de la Royal Air Force britannique. Il est sympa mais carrément raciste et ne le cache pas. D'après lui, "tout le monde était plus heureux pendant l'Appartheid, tout le monde avait du travail et grâce au couvre-feu de 20h, les rues étaient vides et sûres le soir (!!!!!!!!!!)". Il aime sa culture de blanc et considère que "depuis la fin de l'Appartheid, trop d'Africains venus des pays voisins sont arrivés et qu'il ne peut pas y avoir de travail pour tout le monde. Les ouvriers agricoles n'ont pas à se plaindre, ils sont logés et parfois nourris. C'est pareil pour tous les noirs pour qui on a construit des maisons. Lui, personne ne lui a construit sa maison !" Nous n'avons pas trop cherché à étendre la discussion...
Notre conducteur suivant est un noir, il a fait de la prison pendant l'Appartheid. Mandela est une de ses idoles (tous les billets sont maintenant à l'effigie de Mandela et beaucoup de personnes sont fières de nous les montrer). Il considère que les blessures de l'Appartheid ne pourrons se résorber que si tout le monde fait des efforts les uns envers les autres mais mais admet que c'est long à venir et qu'il faudra plusieurs générations. Pour lui, parler l'Africaans (une langue des blancs) c'est un signe d'ouverture. Il nous a pris en stop, non pas parce qu'on est blancs mais parce qu'on avait l'air sympa (ce monsieur a l'oeil héhé!). Sa route s'arrête à 40 km de Capetown mais il nous propose de nous amener jusqu'à destination si nous payons l'essence. Affaire conclue, nous lui faisons confiance, de toute façon ça nous coûte toujours moins cher que le bus et c'est tellement plus intéressant.
Et voilà, dire qu'en deux voitures nous avons balayé la complexité de l'Afrique du Sud serait clairement prétentieux. Mais ces deux voitures sont à l'image de ce que nous voyons depuis que nous sommes ici : deux mondes qui se côtoient mais ne se mélangent pas et ont des pensées et une culture aux antipodes.

À Capetown, nous retrouvons Capado et Magalyanne pour un soir avant de repartir dès le lendemain pour Saldanha. Le temps tourne mais nous avons quelques petites choses encore à régler sur le bateau. Les formalités nous obligent à redescendre le bateau à Capetown pour sortir du pays. Malheureusement les fenêtres météo pour revenir vers le Sud sont rares et nous ne savons pas combien de temps nous allons encore rester en Afrique du Sud avant de mettre les voiles pour la Namibie.

 

Site réalisé par Christophe Hivert