Publié le 22 Juin 2013
Açores : Faial, Pico et São Jorge

Désolés pour cet article tardif, nous savourions notre dernière escale.
En attendant Hélène et Thomas nous avons passé 10 jours à Horta avec un rythme très, très mou. Nous avions probablement besoin de nous remettre de nos 15 jours de près depuis le Cap-Vert. Nos journées ont été rythmées par des grasses matinées, des footings, des petits bricolages sur le bateau, du nettoyage après une traversée très mouillante et de belles rencontres, encore !
Il a fallu aussi s'habituer à la fraîcheur ambiante après tant de temps passé sous les tropiques.


Les polaires sont ressorties des placards, l'anticyclone est sur les Açores et il fait gris et frais.

La ville de Horta est très jolie entre ses rues pavées artistiquement, ses maisons anciennes et la baie de Porto Pim, lieux d'arrivée des baleiniers. La chasse à la baleine est arrêtée depuis le début des années 80 et les anciennes baleinières sont reconverties pour les loisirs. Les vigies qui guettaient les cachalots depuis la côte travaillent désormais avec les entreprises qui emmènent les touristes voir les cétacés et l'usine de transformation de baleines est aujourd'hui un musée.

Les bateaux arrivent des Antilles tous les jours.Rue de bon voyage.
Les Portugais sont des artistes du pavé.Front de mer à Horta. On est surpris de trouver les même arbres qu'en Nouvelle-Zélande : les fameux pohutukawa.
Porto Pim, baie des baleiniers.Le Monte de Guia et l'ancienne usine de transformation de baleines au pied.

Une ancienne baleinière

Comme des milliers d'autres bateaux avant nous, nous avons laissé notre emprunte sur les murs de la marina, il paraît que ça porte chance.
Après avoir nettoyé plusieurs emplacements, nous avons enfin trouvé le coin qu'il nous fallait. Gaëtan ayant peur de s'ennuyer pendant que je peins, il a fait une tonne de crêpes dans le but de les vendre sur le trottoir. Le succès commercial de l'opération laisse à désirer : beaucoup de dons aux copains et un chien qui est partit avec un tas...

Tous les murs de la marina de Horta sont couverts de peintures faites par les voiliers de passage.
Je peins, Gaëtan s'occupe en essayant de vendre des crêpes.Ça durera le temps que ça durera !

Nous avons quand même réussi à nous bouger pour quitter Horta et voir un peu de pays, ce qui nous a permis de rencontrer João et Jovina, arrivés d'Angola il y a un an pour vivre sur les terres d'origine de João, à Faial. Grâce à eux, nous avons commencé à en apprendre un peu plus sur les Açores et à rencontrer du monde. C'est comme ça que nous nous sommes retrouvés sur le First Class 8 de Maria pour la régate du club nautique d'Horta. Elle cherchait du monde sachant naviguer pour sortir faire un tour sur l'eau et nous étions trop heureux de régater. À trois, les rôles ont été vite définis : Gaëtan au four et au moulin sur ce bateau qu'il connaît bien, Maria à l'intendance et à la gestion de son petit chien (c'est la première fois que nous faisons une régate avec un chien à bord) et moi à la barre.
Après un départ canon et une gestion sans faute (aidés par la chance) des petits airs compliqués au ras de la côte, nous virons la première bouée en tête. Deux bateaux deux fois plus gros que nous nous rattrapent mais par le jeu des catégories et des temps compensés nous passons la ligne d'arrivée premiers de notre catégorie !


Régate du clube naval de Horta avec Maria, sur son Class 8 « Sea Dancer ». Nous terminons premiers de notre catégorie !

Hélène et Thomas sont arrivés le dimanche 9 juin et nous avons pris nos quartiers tous les quatre à bord de Ty Punch. La météo des Açores nous a servi un peu de pluie pendant quelques jours ce qui ne nous a pas empêchés de visiter l'île de Faial. En stop, puis avec Maria qui nous a fait faire le tour avec sa voiture.

La pointe dos Capelinhos, formée en 1957-1958 lors d'une éruption. Pendant plusieurs mois, le volcan a craché des cendres recouvrant les champs et les maisons et faisant fuir la moitié de la population de l'île.Une des rares plages de sable de l'île.
Le phare de la pointe nord-est de l'île, secoué par un séisme en 1998.Fontaine.

Avec Maria, notre guide d'une journée.

Nous avons ensuite largué les amarres pour le port de Madalena sur l'île de Pico. Objectif de l'escale : l'ascension du Mont Pico, plus haut sommet du Portugal. Le jour choisi était bon, nous avons eu droit à une ascension sous le soleil avec vue sur les environs. Mais les nuages n'ont pas tardé à arriver en soirée et nous avons planté notre campement au bas du Pico dans un ancien cratère, dans un brouillard à couper au couteau. La purée de pois ne nous a pas lâchés jusqu'au lendemain où la pluie s'est même jointe à la fête. Ça ne nous a pas empêchés de nous lancer dans une marche vers la côte Sud qui s'est avérée beaucoup plus longue qu'indiquée sur la carte. Par chance, nous avons croisé la route du seul agriculteur qui a mis le nez dehors ce jour-là et nous avons pris place dans la benne de son pick-up avant d'échouer dans un bar comme des naufragés, trempés comme des soupes.

Mouillage à Madalena, île de Pico.Le mont Pico, baromètre local, plus haut sommet du Portugal et objectif de la rando du lendemain.
Les flancs de la montagne sont aménagés en pâturages ceints de murs en pierre sèche. L'île de Pico produit beaucoup de fromage et de vin.Presque en haut du Pico.
Les nuages commencent à arriver mais nous sommes au dessus.Le Pico est coiffé d'un chapeau, le temps va se dégrader...

Ça n'a pas loupé, bivouac dans le brouillard et pluie au réveil, pour toute la journée.

Le temps restant à la pluie, nous allons faire un tour dans les vignes classées patrimoine mondial de l'UNESCO au sud de Madalena. Les pieds sont plantés dans les fissures de la lave et des murs protègent les pieds du vent et des embruns salés. Tout se fait toujours à la main.

Entre les vignes au sud de Madalena, sur un chemin de pierres.Maison de propriétaire d'exploitation viticole.
Les vignes de Criação Velha sont classées au patrimoine mondial de l'UNESCO. Les murs en pierre sèche protègent la vigne du vent et des embruns.Les pieds sont plantés dans les fissures de la lave.

Dans l'espoir de voir des baleines et pour visiter un petit bout d'une autre île, nous avons levé l'ancre en direction de São Jorge par une belle journée grise et venteuse, au près.
Pas de baleine en vue, mais des dauphins... Envieux de montrer à nos amis à quel point la pêche à la traîne c'est bien nous avons remis la ligne à l'eau, la grosse cette fois. La ligne de petits hameçons étant hors service suite à un accrochage dans une bouée de casier lors de la traversée précédente vers Pico... Résultat : un oiseau puis une ligne entièrement perdue, le fil ayant cassé net après qu'un monstre des mers y ait mordu. Nous avons acheté des lardons en arrivant et avons plus ou moins reporté notre projet de faire découvrir à nos amis à quel point la croisière c'est sympa et agréable. Jusque-là, ils ont eu droit à une marina bondée, une petite traversée sous le soleil mais pas mal au moteur, un mouillage rouleur qui leur a fait franchement préférer le camping à terre, une autre traversée au près, couverts de la tête au pieds avec embruns y tout... Nous avons donc atterri dans la petite marina de São Jorge, reportant la croisière sympa à des belles journées en Bretagne.

Pêche catastrophique : un Puffin cendré à relâcher (indemne) puis la ligne arrachée par un monstre des mers...Sympa la croisière !
Velas, île de São Jorge.Centre de Velas.

La visite de São Jorge s'est faite comme pour les îles précédentes : marche à pied et stop. Les Açores sont le paradis des marcheurs. Le camping sauvage est autorisé presque partout, des fontaines d'eau potable permettent de se ravitailler régulièrement, les paysages sont superbes et quand les jambes sont fatiguées le stop est extrêmement facile, même à 4 avec 4 gros sacs à dos. Souvent les chauffeurs n'hésitent pas à faire un détour pour nous déposer à l'entrée du chemin de randonnée, pour nous montrer un point de vue ou pour nous expliquer une particularité du paysage.
De cette façon, nous avons visté les Fajã da caldeira de Santo Cristo et dos Cubres, toutes deux assez isolées. L'accès à la Fajã da caldeira de Santo Cristo ne se fait qu'à pied ou en quad. Comme dans la plupart des Açores, les gens cultivent la terre et élèvent quelques vaches. Certains bénéficient aussi des revenus du tourisme en louant des maisons, notamment aux surfeurs qui viennent se régaler sur une « longue gauche ». Le climat sub-tropical des Açores nous offre une végétation luxuriante mélangeant des plantes tropicales aux plantes que nous avons chez nous.

Les Açoriens cultivent tous un bout de terrain.São Jorge est couverte de pâturages.
Cascade sur le chemin descendant vers la Fajã da Caldeira de Santo Cristo, village accessible à pied ou en quad. 
La lagune de la caldeira de Santo Cristo. 
Bivouac dans une ruine.Vue sur les Fajã, terres plates au pied des falaises.

Après une belle journée de marche où nous avons pris tout notre temps et une nouvelle nuit passée sous la tente dans une ruine, nous avons repris la route vers Velas. Les vacances d'Hélène et Thomas touchant déjà à leur fin, nous avons commencé à regarder la météo de près pour découvrir qu'un bon créneau vers la Bretagne se présentait dès le 21 juin, jour de leur départ.
Hélène et Thomas ont pris le ferry vers Horta et nous sommes donc restés à São Jorge pour se préparer. Cette décision rapide de départ vers la France ne nous a pas laissés indifférents, mettant un terme brutal à cette dernière escale avant le grand retour.

Nos esprits sont pleins de sentiments contradictoires, partagés entre l'excitation des retrouvailles avec les gens et le pays, qui nous a quand même manqué, et la nostalgie de cette super aventure, qui s'est transformée en style de vie et qui se termine.

 

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