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Polynesiefrancaise Interview de 1 an de voyage
12/9/2011

Voilà un an que nous sommes en route ! Afin de vous livrer quelques unes de nos impressions nous avons préparé une interview à laquelle nous avons répondu chacun notre tour. Les réponses de Gaëtan en bleu et celles de Claire en rouge... Bonne lecture !

Comment ça va après un an de voyage ?
Gaëtan : Nickel, tout va bien. La santé et le moral restent au beau fixe. Après le bilan santé d'aujourd'hui j'ai 11/6 de tension et trois épines d'oursin dans le pied.
Claire : Ça va très bien ! Cette année est passée vraiment vite et je crois que j'ai un peu de mal à réaliser tout ce que l'on a vu jusque là. Ça a quand même été un rythme à prendre : trouver ses marques pour tous les gestes quotidiens, prendre conscience que 3 ans pour faire le tour du monde nécessite de respecter certaines dates, prendre ses marques dans des endroits aussi différents que nouveaux. Maintenant je dois dire qu'on est assez rodés et j'ai l'impression d'avoir presque toujours vécu comme ça !

Quelles étapes t'ont marqué(e) durant cette première année ?
G: Il y a pas mal de choses qui m'ont marqué et ce qui me vient en premier à l'esprit, c'est d'abord les belles escales comme le Sénégal ou les Marquises. Le Sénégal parce que les gens y sont vraiment accueillants et les Marquises pour les paysages, la verdure et l'abondance des fruits. Il y a aussi les premières raies et les premiers requins que l'on a vus et toujours l'accueil qu'on a pu nous faire.



C: Il y a d'abord eu le départ. J'ai mis au moins 6 mois à m'en remettre ! On a voulu faire les choses en grand et du coup l'émotion était aussi en grand !
Après cela, le Sénégal a été le premier très gros dépaysement et pour l'instant ça reste une étape qui m'a beaucoup marquée. C'était vraiment intéressant et riche humainement.
Et puis le canal de Panama avec tous ces cargos et nous au milieu de ces grosses écluses pour déboucher dans le Pacifique c'était incroyable. On était euphoriques, c'était la porte qui s'ouvrait vers des endroits mythiques et aussi sur la plus longue traversée du voyage (on espère !!). Bref, un passage plein de promesses !
Ce sont les plus grands moments mais il y en a eu plein d'autres ! Bizarrement, je n'ai pas vécu les traversées comme des « grands moments ». C'est vrai que c'était plutôt des choses qui se sont faites sur la durée et ce que l'on retient surtout, ce sont les départs ou les arrivées. Au milieu on est en route, dans la routine du bord ! On a quand même traversé deux océans...
Sinon je pense au snorkelling avec les requins autour, les raies manta, les dauphins, les Galapagos, l'odeur de terre humide en arrivant aux Marquises...


Comment se passe la vie à bord, au mouillage comme en mer ?
G: Bien. Je fais quand même une grosse distinction entre la navigation et les escales. Aux escales, hormis les petites corvées habituelles qui prennent souvent du temps, voire la journée (faire de l'eau, faire la vaisselle et la lessive), on arrive bien à en profiter même si notre planning est serré. Le lever se fait de bonne heure et après un petit déjeuner souvent copieux on entame notre journée par des visites à terre ou des activités dans l'eau. On apprécie tout particulièrement les mouillages dans lesquels on rejoint des connaissances et on passe souvent nos soirées en leur compagnie.
En navigation, les journées nous semblent bien remplies malgré le fait qu'on ne fasse pas grand chose. Chaque activité est fatigante et si on ne dort que 2x3h dans la nuit on s'accorde souvent une sieste supplémentaire dans la journée. Les occupations tournent entre la lecture, faire à manger, la vaisselle et la pêche.


C: Tout a pris sa place et ça se passe plutôt bien. On s'entend bien malgré l'espace réduit et quelques petites disputes sur le rangement. Si on ne fait pas attention à bien ranger les choses, à les caler pour la navigation, ça peut vite devenir chaotique. Chacun fait de tout côté tâches « ménagères » et souvent elles nous prennent un temps fou. Par exemple, l'utilisation de l'eau est toute une affaire. Il faut faire de l'eau douce, ce qui suppose de débarquer avec nos bidons à terre, trouver un point d'eau, les remplir, les ramener à bord en kayak, mettre un peu de javel dans l'eau pour qu'elle se conserve, vider certains bidons dans la cuve et retourner les remplir, ranger les autres bidons... à terre, tout ça se résume par « j'ouvre le robinet !! ». Du coup on économise et on jongle toujours entre l'eau douce et l'eau de mer.
Bref, compter une demi-journée pour faire le plein d'eau, une journée pour la lessive entre le lavage et le séchage (quand tout ne s'envole pas)... Les « tâches ménagères » prennent une autre dimension.
Au mouillage, l'annexe pour débarquer à terre est un élément essentiel. On est assez contents de notre kayak même si ce n'est pas l'annexe la plus rapide et la plus sèche qui existe !
Sinon en mer on restreint pas mal nos activités à l'essentiel vu qu'il faut faire avec la fatigue et les mouvements du bateau.

Qu'est-ce qui t'as étonné(e) ou surpris(e) depuis le départ ?
G: Sur les gens qui ont le même parcours que nous, très peu le font en 3 ans. La majorité y passe beaucoup plus de temps. On nous questionne d'ailleurs souvent sur ce qui nous pousse à rentrer « si vite ». Beaucoup de bateaux ont l'habitude de traîner un peu sur les escales mais dans tous les cas aucun ne verra tout ce qu'il y a à voir, on est obligé de faire des choix. Notre programme nous convient.

C: En préparant le voyage, j'imaginais qu'on se retrouverait souvent seuls au mouillage et qu'on découvrirait des endroits assez préservés des touristes. En fait, en 3 ans nous n'avons pas vraiment le temps de nous écarter de la route directe, donc de la route la plus empruntée par les voyageurs en bateau. Du coup, on se retrouve souvent avec beaucoup de bateaux de voyage autour de nous et dans certains endroits nous sommes vraiment très nombreux ce qui fait relativiser le caractère « exceptionnel » de ce que l'on est en train de faire ! En creusant un peu on arrive quand même à s'écarter des endroits peuplés et à faire des rencontres sympa, heureusement !
Sinon, ce qui me frappe c'est à quel point la majorité des gens vivant dans les pays que l'on a visité aspirent à se développer comme aux Etats-Unis ou en Europe. Pour beaucoup, le top c'est le gros 4x4, les appareils ultra modernes chez soi... Dans beaucoup d'endroits, on est des riches venant de pays riches et le fait de voyager en bateau n'aide pas, quelle que soit la taille du bateau ou le budget. Du coup ça crée d'emblée une certaine distance.
C'est aussi très facile de se procurer la plupart des produits dont on a besoin, même dans beaucoup d'endroits isolés. On est partis avec beaucoup trop de choses à bord, pensant qu'on aurait du mal à retrouver certains produits ! Dans n'importe quelle boutique on n'est pas perdus par rapport aux produits sur les étals, la mondialisation fait son effet !!

Les reportages et le projet avec les écoles se passent-ils comme prévu ?
G: On regrette de ne pas avoir eu la possibilité de parler avec les élèves au téléphone mais on a l'impression d'être quand même bien suivis et on en est contents. On rencontre parfois des difficultés à mettre en place ce qui était prévu. Peut-être qu'on n'a pas toujours la personne qu'il faut en face de nous et on a peu de temps aux escales. On essaie de réadapter nos sujets. C: Oui à peu près. On n'arrive pas toujours à parler des sujets comme on le voudrait. Ils sont peut-être un peu durs à traiter des fois et on manque un peu de temps ou de moyens de communication pour bien préparer nos reportages. Sinon avec les écoles je trouve que ça se passe bien et on est très contents du suivi même si on est déçus de ne pas avoir réussi à leur parler. On continue à garder le contact avec les mails ou des cartes postales.

Qu'est-ce que tu aimes dans cette vie ?
G: La découverte de nouveaux pays, de nouveaux modes de vie, la liberté de pouvoir choisir nos escales (on est en ce moment à Bora-Bora), la vie sur l'eau en général et les activités qui vont avec (plongée, chasse sous-marine, les débuts en kitesurf...), le climat...
C: Même si on a des contraintes de temps (saisons des cyclones à respecter, lieux d'escale à choisir près de la route directe...) on est quand même assez libres de choisir où on veut aller et combien de temps on veut y rester. Si on reste longtemps quelque part, on sait juste qu'on passera moins de temps ailleurs, tout est affaire de choix. J'aime bien notre rythme, on est assez mobiles et on voit souvent de nouvelles choses.
J'aime aussi la disponibilité des gens que l'on rencontre, notamment des gens « de bateau ». C'est très facile d'engager la conversation et de faire connaissance, on a tous du temps et c'est un plaisir de se retrouver pour discuter.
Le climat est aussi facile à vivre et on est tout le temps dehors.
J'adore aussi discuter avec les locaux quand on a l'occasion, c'est toujours hyper intéressant. La petite frustration c'est de ne pas rester plus longtemps pour approfondir les relations mais là il faudrait multiplier par 10 (au moins) le temps passé à chaque endroit.

Il y a-t-il eu des moments difficiles ?
G: Oui il y en a eu. Il y a eu des moments de tension parce que la vie de couple 24h/24h sur un bateau de 9m n'est pas toujours simple. On peut rarement faire des choses chacun de notre côté alors que parfois on n'a pas les mêmes envies.
C: Quelques uns mais qui sont vite oubliés. En général, les débuts de traversée sont un peu durs pour moi. Entre le léger mal de mer et les mouvements du bateau à intégrer dans tout ce que l'on fait, parfois j'ai du mal à être agréable et la vie à bord s'en ressent !
Les derniers jours de la traversée du Pacifique ont été un peu durs. On avait envie de voir du monde, besoin de faire des choses chacun de notre côté. Bref, besoin d'espace et de vie sociale !!
Sinon j'ai mis du temps à digérer les émotions du départ mais ça n'a pas gâché le plaisir de visiter les endroits où l'on faisait escale.
Ce serait trop facile de n'avoir que les bons côtés du voyage sous les tropiques !!

Est-ce qu'il y a des choses qui te manquent ?
G: Les régates entre copains et plus généralement les moments avec nos proches. Même si on sympathise beaucoup avec certaines personnes pendant le voyage on sait qu'on risque de ne pas les revoir, nos routes étant différentes. Les moments avec nos proches permettent des discussions sur des souvenirs ou des connaissances, chose que l'on ne peut pas faire avec nos nouvelles connaissances.
Il me manque aussi peut-être un peu de confort comme un grand lit, la douche « sans contrainte » de volume d'eau, le frigo.

C: Les amis et la famille ! Discuter de plein de choses, des projets des uns et des autres sans avoir à se représenter à chaque fois. Une bonne raclette entre copain résume assez bien ce qui me manque : les copains réunis, le fromage et la charcuterie ! On est souvent en contact avec eux mais ce n'est vraiment pas pareil de se voir régulièrement. Quand mes parents et Antoine et Annick sont venus c'était vraiment super !!
Sinon le lave-linge est vraiment une super invention, tout comme le lit rectangulaire ou l'eau qui arrive directement dans le robinet. Et en plus elle est potable !

T'attendais-tu à avoir des conditions météo comme celles eues jusqu'ici ?
G: Oui. Le parcours est bien étudié, aucune surprise pour l'instant.
C: Je pensais qu'on aurait eu plus de mauvaises conditions. Je touche du bois mais pour l'instant ça va. On réduit assez vite la toile ce qui fait que le bateau ne souffre pas, même quand le vent souffle entre 25 et 30 nds. Du coup, on ne souffre pas non plus !

Comment va le bateau ?
G: Le bateau est bien préparé, aucune surprise là-dessus non plus... Une grosse révision s'impose quand même en Nouvelle-Zélande. On a hâte d'y trouver tout le matériel nécessaire aux différents bricolages.
C: Le bateau va vraiment bien. On a aucun problème important à déplorer. On dit souvent, petit bateau, petits problèmes et pour l'instant c'est vrai. On va quand même lui refaire une beauté et une révision complète en Nouvelle-Zélande. En tout cas j'ai totalement confiance en lui, il est costaud et marin !

Qu'est-ce que cela te fait d'être dans le Pacifique avec Ty Punch ?
G: Ça ne change pas grand chose à la vie à bord mais on se sent quand même un petit peu loin de la maison !
C: C'est incroyable. Je commence à réaliser qu'on commence à être vraiment loin de la maison et qu'on y est arrivés comme ça, l'air de rien. En ce moment on est dans le lagon de Bora-Bora et on vit notre vie comme si c'était normal ! Bref, parfois il faut se pincer pour y croire.

Toujours motivé(e) pour la suite ?
G: Carrément ! J'ai hâte d'être en Nouvelle-Zélande et du programme qui suivra.
C: Bien sûr que oui ! Et de plus en plus. Je rêve toujours des endroits qui suivent et je ne vois pas comment la lassitude pourrait arriver un jour. Il y a vraiment trop de choses à voir et on n'en voit qu'une toute petite partie. On profite des endroits où l'on se trouve tout en préparant la suite, c'est un bon équilibre je trouve.

Et la route continue !!!

 

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